Des Rennais à l’Assemblée Nationale
Posté par LPBSM le 6 mai 2013
Bonjour,
En premier lieu, je vous rappelle qu’il vous suffit de cliquer sur les noms en bleu-vert pour avoir des informations sur la personne désignée si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire .
Sous l’impulsion de Marc HERVE , 42 Rennais ont visités l’Assemblée Nationale le samedi 27 avril 2013 et ont été très bien reçus et guidés par Marcel ROGEMONT , député de la dite Assemblée .
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Ce que vous voyez sur la première photo sont les colonnades du palais Bourbon qui cachent derrière elles l’hémicycle dans lequel se réunissent les députés .
Le palais Bourbon a été construit pour Louise Françoise de Bourbon (1673-1743), Mademoiselle de Nantes, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan (1640-1707), qui avait épousé Louis III de Bourbon-Condé, duc de Bourbon et 6ème prince de Condé (1668-1710) .
La construction du bâtiment commence en 1722 . Plusieurs architectes se succèdent, Giardini, Pierre Cailleteau dit Lassurance, tous deux prématurément décédés, puis Jean Aubert (1680-1741), et Jacques V Gabriel (1667-1742) qui termine les travaux en 1728 .
Ce dernier architecte nous concerne plus particulièrement car c’est lui qui fit les plan de l’hôtel de ville de Rennes après le grand incendie de 1720 .
Léon de Lassay (1681-1750) (fils d’Armand de Madaillan (1652-1738), marquis de Lassay, ils sont souvent confondus l’un avec l’autre), ami, conseiller et amant de la duchesse de Bourbon, commande en 1722 le projet d’un hôtel particulier à un Italien nommé Giardini, qui meurt la même année . Il est remplacé par Pierre Cailleteau dit « Lassurance », qui meurt en 1724, puis par Jean Aubert et Jacques V Gabriel . On estime aujourd’hui que c’est Aubert qui en fut l’auteur principal, de même que pour le palais Bourbon adjacent et l’hôtel Biron (actuel musée Rodin) construit pour Abraham Peyrenc de Moras . La construction s’échelonne entre 1726 et 1730 .
Cependant l’Hôtel de Lassay , au cours des siècles, a été rattaché au Palais bourbon pour pallier le manque de stockage des archives et de salons de réception (voir l’évolution du Palais bourbon sur le site de L’Assemblée : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/palais-bourbon_evolution.asp , malgré de nombreuses inexactitudes sur les noms et les filiations) .
Vers 1770, le 8ème prince de Condé (1736-1818) réunit au Palais Bourbon, l’Hôtel de Lassay, en achetant les terrains compris entre le quai, la rue de Bourgogne et le marais des Invalides . Des travaux d’embellissement eurent lieu jusqu’en 1789 .
Le 18 juillet 1789, le prince de Condé émigra .
plan du palais Bourbon et de l’Hôtel de Lassay de 1739 fait par TURGOT
.plan du palais Bourbon et de l’Hôtel de Lassay et des rues avoisinantes aujourd’hui.
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- .Façade sud de l’Hôtel de Lassay (ou Hôtel de la Présidence) donnant sur la rue de l’Université ; c’est le perron qui accueille les personnalités (la façade nord est celle qui fait face à la Seine et où se trouvent les jardins)
Cette façade donne dans la cours d’honneur de l’Hôtel de Lassay qui est accessible directement par la rue de l’Université comme sur le plan de TURGOT (1727-1781) (supra) .
- Au fond l’entrée de l’Hôtel de Lassay donnant sur la rue de l’université – au premier plan Marcel ROGEMONT juste en bas des marches
- Des Rennais sur les marches de la cour d’honneur (cliquez sur l’image pour la voir en grand)
Sur cette seconde carte satellite on voit très bien les galeries reliant l’hémicycle du palais Bourbon (en haut à droite) à l’Hôtel de Lassay dont nous venons de voir la façade sud . Confisqué en 1791, le palais «ci-devant Bourbon» fut déclaré «bien de la Nation» . Il abrita en 1794 la future école polytechnique avant d’être affecté en 1795 au Conseil des Cinq-Cents (*n°1) .
Sans toucher aux façades, les architectes Jacques-Pierre de GISORS et Etienne-Chérubin LECONTE relièrent Hôtel de Lassay au Palais Bourbon par une galerie vitrée et en bois (c’était la première galerie qui sera augmentée en 1809 d’une seconde galerie : déclarée « galerie des fêtes » en 1848 ; la première galerie sera remaniée par la volonté du duc de Morny et par les compétences de l’architecte Jules de JOLY en 1860) ; Jacques-Pierre de GISORS et Etienne-Chérubin LECONTE construisirent également une salle des séances, un premier hémicycle inscrit dans un rectangle, sur l’emplacement des « grands appartements » (Des aménagements longs et coûteux commencés dès 1765, ne furent achevés qu’en 1788 ; un an plus tard, par le petit-fils de la duchesse de Bourbon, le 8éme prince de Condé, qui en était devenu le propriétaire, en l’ayant racheté à Louis XV (*n°2) ; fuyant la Révolution, il quitta la France pour vingt-cinq ans) …
Cette salle de cinq cents places fut inaugurée le 21 janvier 1798 et utilisée, sans modifications, jusqu’en 1829 .
Première salle pour la Convention Nationale en 1795
Etienne-Chérubin LECONTE (1760-1818) . Pensionnaire à ROME en 1790, architecte des châteaux de Bellevue et de Meudon, ainsi que de la manufacture de Sèvres, 1788 thermidor an IV . Membre de la société des artistes, architecte du Palais législatif, 1796-1797, dont il construit la façade avec Jacques-Pierre de GISORS . Architecte des Tuileries, 1799-1800, construction des guérites de la cour du Carrousel, rue de l’Université, n°932 (1803)
De cette salle originale, seuls subsistent aujourd’hui le bureau du Président et la tribune de l’orateur ; mais nous verrons cela plus en détail lorsque nous aborderons le palais Bourbon proprement dit .
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En attendant nous allons visiter l’Hôtel de Lassay en passant par les galeries qui nous en permettent l’accès :
- .galerie des fêtes – seconde galerie construite en 1809 (la première galerie est toujours existante, bien que remaniée, son accès se situe sur la gauche de la photo par la galerie de MORNY dite galerie des tapisseries ci-dessous)
Elle a été aménagée en 1860, quand le Duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, présidait l’Assemblée . Elle abritait à l’origine sa collection de peintures . Dispersée en 1865, cette collection a été remplacée par un ensemble unique de neuf tapisseries tissées par les Manufactures des Gobelins et de Beauvais et datées des années 1785 .
L‘Hôtel de Lassay a été légué en 1830 au Duc d’AUMALE, quatrième fils de Louis-Philippe (En 1830, à la mort du dernier prince de Condé, son parrain, qui l’avait institué son légataire universel, il hérita, à huit ans, de l’énorme patrimoine de cette lignée, estimée à 66 millions de francs-or, produisant 2 millions de revenus annuels . Cet héritage comprenait ce qui était considéré comme le plus important patrimoine foncier français) . En 1832, il est loué comme hôtel de la Présidence . Le Duc d’AUMALE le vend à l’Etat en 1834 .
- .Visite de L’Assemblée Nationale
Nous allons maintenant aborder notre visite proprement dite de l’Hôtel de Lassay :
Vous pouvez apercevoir sur le plan, des murs évidés de chaque côté du grand salon ; ce sont des niches en arc de cercle correspondant très précisément aux gabarit des glaces posées en vis-à-vis sur les murs du salon des éléments et du salon des saisons . Percées strictement dans l’axe, les niches permettent aux deux glaces de refléter à l’infini les images virtuelles des lustres qu’elles se renvoient . L’impression de profondeur qui en découle et de débauche de lumières est assez impressionnant .
Sur la photo n°1 (ci-dessus), vous voyez la glace du salon des éléments et sur la photo n°2 une des niches percées du Grand Salon . Sur la photo n°3 le corridor permettant de communiquer avec l’enfilade des trois salons . Sur la photo n°4 (ci-dessous) le salon des éléments ainsi que sur la photo n°11 . La photo n°4 vous permet d’admirer, trop rapidement, deux torchères à 11 bras de lumière, fondues en 1842 par Charles CROZATIER (1795-1855) du Cabinet du départ .
Nous sommes ici dans les Salons : le Salon des éléments, le Grand salon (ou Salon de musique) et le Salon des saisons (à situer sur le plan ci-dessus), autrement dit dans « les ors de la République » (cette expression signifiant, de façon imagée, les mystères du pouvoir exercé en haut lieu, puisque les sièges des divers postes de très haute responsabilité de la République sont tous, pratiquement, dans des palais regorgeant d’histoire et d’apparat, bref d’ors et de dorures partout (styles Louis XV et Louis XVI….) . L’Elysée, entre autres, fut un palais ayant appartenu à Mme de Pompadour, le Sénat se trouve dans un palais ayant appartenu au duc de Luxembourg (d’où le nom du jardin qui lui est rattaché et accessible au public) et racheté par Marie de Médicis qu’elle partagera un moment avec Louis XIII, etc …) .
Le Salon des Saisons doit son nom aux allégories peintes par François-Joseph HEIM (1787-1865) qui ornent les dessus-de-porte (6 dans chacun des salons), et de façon similaire pour les Salon de musique et le Salon des éléments . De gauche à droite ci-dessous, le salon des Eléments, le salon de musique ou Grand salon, la niche percée du salon des Saisons donnant sur le Grand salon et, en avant-dernier, le salon des Saisons .
En dernière image, je n’ai pas pu m’empêcher de vous mettre en exergue « la Danse ou la Pavane » qui orne l’un des dessus de porte du Grand Salon ou Salon de Musique . Vous pouvez l’apercevoir à travers la niche percée du salon des saisons ; et si vous êtes curieux, en cliquant sur le nom en bleu-vert, vous saurez à quoi correspond cette danse qui nous a donné l’expression « se pavaner », prouvant l’influence des langues européennes les unes sur les autres .
Vous avez aperçu, par les fenêtres, le jet d’eau des jardins nord (ce qui vous permet de mieux vous situer sur le plan) ; la difficulté d’orientation pouvant provenir des jardins côté sud et de l’entrée donnant sur les galeries dans une salle dite des quatre colonnes ou l’on reçoit la presse en général (infra) .
.L’entrée des galeries par la salle des quatre colonnes
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- Les jardins devant l’entrée de la salle des quatre colonnes . À gauche, vous pouvez voir la statue de Montesquieu . Cette sculpture n’est pas anodine : écrivain et philosophe français du XVIIIe siècle, Montesquieu fut en effet l’un des penseurs majeurs de l’organisation politique des sociétés modernes et l’un des premiers à évoquer le principe de séparation des pouvoirs .
(image à cliquer si vous voulez admirer deux superbes magnolias en fleurs)
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Nous allons maintenant aborder la visite du Palais Bourbon proprement dit .
Juste un peu d’histoire préparatoire :
« Avant d’être un palais politique – Maison du Peuple et Maison du député – le Palais Bourbon a été une belle demeure aristocratique du 18ème siècle, qui « porte le nom de la plus longue des dynasties ayant régné sur la France » . Ce qu’il est devenu importe plus que ce qu’il a été, dans un passé englouti .
On peut rappeler cependant, en accéléré, que sa construction a commencé en 1722, d’après les dessins de Giardini, architecte italien, continué par Lassurance, élève de Jules Hardouin Mansard, et successivement augmenté par Gabriel, Barraux, Carpentier, Lepère et Bellissard, qui régla tous les mémoires des entrepreneurs .
Sa position sur les bords de la Seine, en face des Tuileries et des Champs-Élysées, en faisait une maison de plaisance autant qu’un palais. Elle était composée d’un principal corps de bâtiments double, accompagné de deux ailes simples en retour dont les extrémités étaient terminées par deux pavillons symétriques . A gauche, des bosquets et des parterres séparaient le Palais Bourbon de ses dépendances et de l’Hôtel de Lassay, dont le sort va être lié au sien .
Là avait pris demeure, dans ce quartier en lisière de la ville, la duchesse de Bourbon, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan . Elle mourut en 1743 . Le palais fut acheté par Louis XV en 1756, racheté en 1764 par le huitième prince de Condé, petit-fils de la duchesse . »
(extrait intégralement reproduit du §2.Le Palais Bourbon des origines à 1832. La première salle, de l’article de Michel MOPIN référencé comme (**) infra dans ce billet.)
Nous y ajouterons juste quelques précisions malgré certaines redondances de http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/palais-bourbon.asp
« Le Palais Bourbon et l’Hôtel de Lassay furent édifiés simultanément, de 1722 à 1728, sur des terrains acquis par la duchesse de Bourbon en 1720 et dont elle céda une partie à son amant, le marquis de Lassay . architectes (Giardini, Lassurance, Jacques Gabriel et Aubert) se succédèrent dans la direction des travaux . Le même parti architectural, dit « à l’italienne » caractérisait les deux bâtiments : construction de plain-pied entre cour et jardin . Le Palais achevé en 1728, qui rappelait par son style le Grand Trianon, fut considéré au XVIIIe siècle comme « le plus grand ornement de la ville après les maisons royales ». »
Jacques-Pierre de GISORS, dit Gisors Aîné, avec Etienne-Chérubin LECONTE aménagèrent en forme d’hémicycle l’ancienne salle des Machines du théâtre des Tuileries pour la Convention Nationale . Les deux architectes créèrent ensuite au Palais Bourbon une salle des séances, toujours en forme d’hémicycle, pour le Conseil des Cinq-Cents (1795-1798) (*n°5) . D’aucuns prétendent que le bon docteur GUILLOTIN (1738-1814) aurait influencé les députés de l’époque pour arrêter définitivement cette forme contestée par d’autres .
En 1801, Jacques-Pierre de GISORS propose, avec Étienne-Chérubin LECONTE (1760-1818), un projet de façade pour le Palais Bourbon afin de dissimuler la salle des séances du Corps législatifs et de répondre symétriquement au projet de « Temple de la Gloire » (aujourd’hui, l’église de La Madeleine (*)) par un nouveau péristyle ; mais c’est le projet de Bernard POYET (*n°3) qui est retenu .
(*) C’est seulement le 2 décembre 1806, au camp de Poznan en Pologne, que l’Empereur Napoléon Ier signait un décret pour l’édification d’un temple à la gloire des Armées françaises .
Ce n’est pourtant qu’entre 1827 et 1832 que le palais prend, dans son organisation intérieure, sa physionomie actuelle sous la direction de l’architecte Jules de JOLY (1788-1865) et de son fils Edmond de JOLY (1824-1892) un peu plus tard (*n°4). Ces travaux comprennent alors : l’édification d’un nouvel hémicycle (conservé jusqu’à nos jours, quoiqu’ayant subi plusieurs modifications pour supporter les variations du nombre de députés au gré des différentes constitutions), l’avancement de la façade sud (côté cour) a permis de créer trois salons et l’édification, de la bibliothèque, accolée à l’aile Est et décorée par le peintre Eugène DELACROIX .
Du bâtiment originel ne subsistent que deux éléments : le fauteuil du président de la chambre (dessiné par Jacques-Louis DAVID pour le frère de l’empereur, Lucien BONAPARTE) et le bas relief de la tribune de l’orateur« L’Histoire et la renommée« , en marbre blanc, dû à François-Frédéric LEMOT (1772-1827) dit « le bien-nommé » d’après une peinture de DAUMAS .
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Sur la place du Palais Bourbon :
Le Palais Bourbon est gardé par le 2ème régiment d’infanterie de la Garde Républicaine . Ci-dessous, la Cour d’Honneur :
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/visite/7cfa.asp
La sphère monolithe de granit « noir » des droits de l’homme, oeuvre de l’artiste américain Walter de Maria (1935-), placée en 1989 en haut des « rampes du fer à cheval », commémore le bicentenaire de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen . L’architecte Jules de JOLY a construit un porche à quatre colonnes corinthiennes et doté la cour d’une rampe en forme de fer à cheval qui permettait l’arrivée en carrosse du Roi Louis-Philippe .
Cette boule de granit gris massif de Bretagne est posée sur un socle de marbre blanc entouré d’un Hémicycle où sont gravés les 17 articles de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et son Préambule . En son centre, un cœur de bronze doré symbolise la dimension humaine et affective de ces Droits .
Inaugurée le 11 décembre 1990, cette sculpture répond à l’esprit de 1789 qui prônait « les formes pures au service de la Patrie » .
Une fois passé la salle des quatre colonnes, vous vous trouvez dans la salle Casimir PERIER (1777-1832) (ancien président du Conseil, leader du libéralisme ayant financé avec sa fortune la préparation du coup d’état du 18 brumaire), centre de rencontre entre les députés et le gouvernement, qui vous permet d’aller soit à gauche, soit à droite pour rejoindre l’hémicycle .
Dans le salon Casimir PERIER, le monumental bas-relief du sculpteur Aimé-Jules DALOU (1838-1902) (3,7 tonnes, 6,5 mètres sur 2,3) représente la séance des états-généraux du 23 juin 1789 au cours de laquelle Mirabeau lança la célèbre apostrophe : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ».
La composition qui comporte 67 figures, s’organise autour des deux personnages du premier plan : à droite Mirabeau et à gauche le Marquis de Dreux-Brézé . Au cours de cette séance, ce dernier invite les députés du tiers-État à se retirer mais Mirabeau s’y oppose fermement en lançant sa célèbre apostrophe . Fondue en un seul bloc, cette véritable prouesse technique a été mis en place en 1891, pour commémorer le centenaire de l’Assemblée nationale .
Le salon de gauche est le salon DELACROIX (*n°6) et celui de droite est le salon PUJOL (*n°7) où se réunissent les députés de gauche ou de droite avant de rentrer dans la salle des séances .
La première et la seconde image image, ci-dessus, représentent respectivement un caisson du plafond du salon Delacroix peint par l’artiste et la verrière centrale en suivant . Sur la quatrième image une vue d’ensemble (voir *n°6) .
Sur la troisième image, on voit la verrière du salon Pujol avec les décors qui l’entourent ; décors peints, décors sculptés…? l’illusion est parfaite ! L’artiste a utilisé la technique du trompe-l’œil en faux marbre pour les murs de cette salle et les scènes des quatre caissons du plafond ont été traitées en grisaille .
Elles représentent les moments décisifs de l’histoire juridique de la France jusqu’à la Monarchie de Juillet . Ainsi : – au-dessus de la porte d’entré, la première peinture s’intitule « Les capitulaires de Charlemagne » (*n°7) et évoque les débuts d’une législation d’État centralisée sous les carolingiens, – en vous tournant vers la droite, vous découvrez ensuite une scène intitulée « La loi Salique » (*n°7) : il s’agit d’une ancienne loi franque utilisée au XIVe siècle pour évincer les femmes de la succession royale, – enfin les deux dernières scènes ont pour titre Les Édits de Saint-Louis et La Charte de 1830 . Cette dernière rappelle le serment prêté par Louis-Philippe sur la Charte constitutionnelle .
Comme vous le voyez sur le plan ci-dessus, chaque place est numérotée ; la « gauche » se trouve à la gauche de la tribune présidentielle et la « droite » à sa droite .
Sur ces quelques images les sièges de l’Assemblée (très inconfortables ayant plus l’aspect de strapontins que de sièges devant permettre des heures d’attente…) et sur la dernière image (supra (ouvert) et infra (fermé)) le boitier qui permet les votes (pour, contre et abstention) inclus dans chaque pupitre .
Derrière la tribune présidentielle, un tapisserie des Gobelins représentant L’École d’Athènes qui est une fresque du peintre italien RAPHAEL, exposée dans la Chambre de la Signature des musées du Vatican . Cette fresque symbolique présente les figures majeures de la pensée antique . Les personnages sont représentés en des places et des postures particulières, ornés de certains attributs, ce qui permet d’en identifier certains .
Le regard du spectateur se dirige en premier lieu vers le centre du tableau (la tapisserie des Gobelins est toujours en place malgré la commande d’un tableau qui n’a jamais été réalisé ; elle a été rajoutée sous la III ème république) où se tiennent debout les deux personnages principaux : Platon et Aristote, majestueux et habillés de la toge romaine . Platon tient le Timée, et pointe le doigt vers le haut pour montrer que la connaissance procède d’un mouvement ascendant, qui va de la terre au ciel de l’idéal philosophique, alors qu’Aristote, dirige la paume de la main vers le sol indiquant que tout idéal philosophique ne peut exister que dans le monde d’ici-bas .
(cliquez sur les images pour les agrandir)
Encadrant la tapisserie, donc au-dessus du « perchoir » (la tribune présidentielle), deux statues de jean-Jacques PRADIER (1790 1852) ; l’une à gauche représentant la Liberté et celle de droite l’Ordre public . Ces deux grandes statues qui encadrent cette tapisserie sont là pour donner une définition de la Démocratie française : assurer la Liberté (à gauche) dans le respect de l’Ordre Public (figurée à droite avec la lance).
Nous sommes conscient d’avoir éludé un bon nombre de salles (Cabinet du départ, salon des jeux, salle des stucs, salle à manger, salle des pas perdus, salle de la paix, salle des conférences, Buvette et ses jardins (où l’on nous a interdit de prendre des photos … ?)) qui ont toutes beaucoup d’intérêt (http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/7cg.asp) ; mais nous ne pouvons passer sous silence l’existence de la bibliothèque (*n°8) :
(en cliquant sur ce lien, vous pourrez faire une visite en vidéo de la bibliothèque de L’Assemblée Nationale)
Pour la situer sur le plan, elle se trouve juste derrière la buvette sans qu’il y ait le moindre rapport de cause à effet (http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/visite/7cfs.asp et http://www.rue89.com/2010/07/13/la-buvette-de-lassemblee-jy-vais-tres-peu-158528 pour ceux qui aiment à voir plus rouge que blanc ou l’inverse !) .
Au-delà de ses collections, le prestige de la Bibliothèque vient en partie de ses plafonds entièrement peints par Eugène Delacroix entre 1838 et 1847 . Il aura fallu pas moins de neuf ans, pour réaliser ces décors ! Pourquoi tant de temps ? Tout simplement parce que Delacroix était obligé de démonter ses échafaudages à chaque session !
De nos jours, la Bibliothèque possède 700 000 volumes et de nombreux ouvrages rares, entreposés sur 18 kms dans les sous-sols de la Cour d’Honneur . Hormis des manuscrits d’articles ou de discours signés de grands hommes comme Victor Hugo, Lamartine, Clemenceau ou Jaurès, elle conserve par exemple la Marseillaise (ci-dessus) écrite de la main de Rouget de Lisle, ou un projet de Constitution annoté par Robespierre . En ressortant de cet espace, une vitrine vous présente les fac-similés de deux documents exceptionnels : le manuscrit du procès de Jeanne d’Arc et le « Codex Borbonicus » (ci-dessous), un extraordinaire calendrier aztèque illustré . Ces deux pièces font partie du fonds ancien de la Bibliothèque .
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Cet article n’a pas la prétention de rivaliser avec ceux bien plus complets de l’Assemblée Nationale dont il s’inspire en faisant des copier-coller sur les textes ainsi que sur les images ; son ambition n’étant que de relater en un seul billet, la visite faite le 27 avril 2013 et dont il ne peut malheureusement relater tous les détails en un seul article, comme l’a fait Michel MOPIN en 1988 : http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/collection/10.asp (**) .
Je pense cependant vous avoir fourni suffisamment de liens pour pallier cette insuffisance .
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Bien cordialement
J.M. MARTIN pour LPBSM
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P.S. : Pour ceux qui ont assistés à cette visite, s’ils ont des images meilleures que les miennes pour illustrer cet article, ils peuvent, par l’intermédiaire des commentaires, me communiquer leur adresse de courriel afin de me les faire parvenir (les « commentaires » ne permettant pas l’envoi d’images, ce que je regrette profondément) . Elles seront insérées dans l’article pour en peaufiner l’aspect .
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Références :
*n°1 : Après la dictature de la Convention et la chute de ROBESPIERRE (le 9 Thermidor de l’an II – 17 juillet 1794) l’Assemblée du Directoire, créée par la Constitution de l’an III (1795) et qui formait avec le Conseil des Anciens le Corps législatif, siège et statue . Composée de 500 membres âgés d’au moins 30 ans, élus par 20 000 électeurs désignés par des assemblées primaires, cette assemblée votait des « résolutions » que le Conseil des Anciens transformait en lois .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_des_Cinq-Cents
http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2440
*n°2 : À la Restauration, le palais ainsi que l’hôtel de Lassay sont officiellement restitués au 8éme prince de Condé, mais celui-ci est forcé de louer par un « bail de 3 ans » le palais Bourbon, à la Chambre des députés, moyennant une location de 124. 000 francs par an avant que le 9éme prince de Condé (1736-1818), son successeur et héritier, meurt et fasse du duc d’Aumale son unique héritier qui le vendra à l’État pour la somme de 5.250. 000 francs en 1834 .
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/palais-bourbon.asp
*n°3 : Bernard POYET (1742-1824) en 1806, construisit un nouveau porche du côté nord simulant une symétrie vis-à-vis du futur « Temple de la Gloire » aux armées (l’actuelle église de La Madeleine) en reprenant le projet de GISORS et LECONTE mais en y ajoutant six autres colonnes .
*n°4 : Jules de JOLY (1788-1865) fut architecte et écrivain ; en tant qu’architecte, il reconstruit la salle des séances de l’Assemblée Nationale et rénova le Palais Bourbon de 1828 à 1832 . En tant qu’écrivain, il publia « Recueil classique d’ornements et de bas-reliefs » en 1819 ainsi que « Plan, coupes et élévations et détails de la Chambre des députés en 1840 .
Son fils Edmond de JOLY (1824-1892), associé à son père dès 1848, lui succéda comme architecte du Palais Bourbon en 1860 . Il rénova et aménagea la « salle des fêtes » et l’Hôtel de la présidence (l’Hôtel de Lassay) .
Pour voir leurs portraits : http://carcala.free.fr/Genealogie/GenealogieMater.htm
*n°5 : Assemblée du Directoire, créée par la Constitution de l’an III (1795) et qui formait avec le Conseil des Anciens le Corps législatif .
Composée de 500 membres âgés d’au moins 30 ans, élus par 20 000 électeurs désignés par des assemblées primaires, cette assemblée votait des « résolutions » que le Conseil des Anciens transformait en lois .
*n°6 : Petit détail savoureux, Delacroix (1798-1863) a peint quatre allégories représentant les fleuves ; mais celle qui représente la Saône est désignée par son nom latin ARAR (Araris) alors que le nom de Saône vient du nom de la déesse tutelleraire des Celtes Séquanes Souconna ou Sauc-Onna et que les moines copistes ont progressivement renommé saoconna, d’où elle tire son nom de Saône .
En agrandissant l’image vous avez dû remarquer que les allégories des fleuves étaient en général représentées par des femmes (la Loire, la Seine, la Garonne) ; Eugène Delacroix représente ici la Saône par un homme ; il masculinise donc la Saône . Il n’en fallait pas moins pour engendrer une polémique à ce sujet .
C’est le 31 août 1833 que Thiers, ministre des Travaux Publics de l’époque, confia à Delacroix, sa première grande décoration : la « peinture sur muraille » du Salon du Roi ou Salle du Trône, au Palais Bourbon . Cette commande lui fut réglée : 35 000 francs . Cet ensemble est composé d’un plafond, avec une verrière centrale entourée de huit caissons (quatre grands et quatre petits), de quatre frises situées au-dessus des portes et fenêtres, et de huit pilastres. Il fut peint à l’huile, sur toiles marouflées, et les frises à l’huile et à la cire, directement sur le mur afin d’obtenir une matité plus proche de la détrempe . Les pilastres furent peints eux aussi sur les murs, en adoptant la même technique, mais en grisaille . Cette commande fut terminée au début de 1838 et réalisée sans collaborateurs, excepté des ornemanistes pour les décors dorés, en particulier Charles Cicéri (1782-1868), peintre décorateur et aquarelliste, qui se fit connaître au Salon de 1827, en exposant des aquarelles .
Dans les quatre caissons principaux, il a représenté quatre figures allégoriques symbolisant pour lui, les forces vives de l’État : la Justice, l’Agriculture, l’Industrie et le Commerce, et la Guerre. Les quatre plus petits, disposés aux quatre angles de la pièce, entre les caissons principaux, sont couverts de figures d’enfants, avec des attributs, comme :
- La chouette de Minerve pour la Sagesse,
- La massue d’Hercule pour la Force,
- Le ciseau et le marteau pour les Arts .
Dans les trumeaux allongés, séparant les fenêtres et les portes, ont été peints en grisaille, les principaux fleuves de France la Loire, le Rhin, la Seine, le Rhône, la Garonne et la Saône) . L’océan et la Méditerranée, cadre naturel du pays, ont été placés des deux côtés du trône. Son travail fut bien accueilli par les critiques, qui, dans leur ensemble, lui reconnurent les talents d’un grand décorateur, à l’égal d’un Primatice ou d’un Rosso . Pour eux, Delacroix avait su allier intelligence et culture, en choisissant des thèmes adaptés à l’espace et au volume du lieu à décorer . La Salle du Trône (aujourd’hui appelé salon Delacroix), où le roi se rendait pour inaugurer les sessions parlementaires, était effectivement une pièce ingrate à décorer, de format carré, d’environ 11 mètres de côté et qu’il dut faire aménager .
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*n°7 : Abel de PUJOL (1785-1861) . Les peintures teintées en grisaille représentent les capitulaires de Charlemagne, la Loi Salique et Louis-PHILIPPE prêtant serment à la charte de 1830 .
*n°8 : Tout sur l’histoire de la Bibliothèque : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/peintures.asp
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